lundi 10 octobre 2011

Personnages


ATTILA - prince hun qui devient empereur du Nord
AETIUS - général, puis patrice de l’Empire d’Occident
KERE-KO - femme d’Attila
ELLAK - fils d’Attila
MARC - officier d’Aetius
BONIFACE - général romain
GALLA PLACIDIA - régente de l’Empire d’Occident
VALENTINIEN - empereur d’Occident, fils de Galla Placidia
HONORIA - princesse, fille de Galla Placidia
EUGENE - ami d’Honoria
JACINTE - eunuque
LEON - pape romain.
ILDI-KO - fiancée d’Attila
CHAMAN - prêtre de la religion hune
AMBASSADEUR DE CONSTANTINOPLE
AMBASSADEUR DE ROME 
ASPAR - général de l’Empire d’Orient
GAUDENTIUS - fils d’Aetius
OFFICIER

Première partie

Scène 1 : L’an 425. Nord de l’Italie 
Attila et Aetius avec leur escorte observent le mouvement de l’armée d’Aspar.  
ATTILA : Ils s’approchent. 
AETIUS : Oui, je vois Galla Placidia et le général Aspar. Les assassins de mon ami Jean ! Comme je voudrais écraser leur armée par une charge de  la cavalerie hune !
ATTILA : Attendons leurs propositions car nous avons accepté les négociations. 
ATTILA  (à sa suite) : Rejoignez vos détachements. Soyez prêts à l’attaque en cas de perfidie des Romains.  
Attila et Aetius restent seuls. Bientôt arrivent Galla Placidia et  Aspar.
PLACIDIA : Je vous salue Attila, prince des Huns, général Aetius !   
ATTILA : Je vous salue princesse Placidia, général Aspar !
PLACIDIA  (à Attila): Vous avez quitté l’Italie après vos études il y a déjà plus de dix ans. Je suis contente de vous revoir aujourd’hui à la tête d’une si formidable armée et avec Aetius, ami depuis votre jeunesse.  
ATTILA : Mon armée a été invitée en Italie par l’empereur Jean que vous avez capturé et tué il y a trois jours. Il était l’empereur légitime proclamé par le Sénat. 
PLACIDIA : Dieu m’a aidé à gagner la guerre civile contre Jean. Mon fils Valentinien  vient d’être proclamé empereur romain d’Occident comme successeur de l’empereur Honorius, mon frère défunt.
AETIUS : Votre fils n’a que cinq ans. 
ASPAR : Galla Placidia est proclamée régente d’Occident jusqu’à la majorité du nouvel empereur.
PLACIDIA : J’admets que Jean et mon fils avaient la même légitimité de revendiquer le titre d’empereur d’Occident. C’est pourquoi je ne considère pas Aetius comme un criminel d’Etat et que je lui propose de devenir gouverneur de la Gaule en échange de l’évacuation de l’armée hune de l’Italie.  
ATTILA : Vous ne pouvez pas agir autrement. Je ne vous permettrai jamais de malmener mon ami Aetius. Je peux même écraser maintenant votre armée et faire proclamer Aetius empereur romain.
 PLACIDIA : Aetius n’a aucun droit légitime pour devenir empereur. Je sais que vous respectez nos lois. Pourquoi déclencher une grande guerre entre les Huns et les deux empires romains ? Je vous propose de garder des relations pacifiques. Nous vous versons tout de suite la rémunération promise à vos guerriers par Jean.  
Sur un signe de Placidia, les guerriers apportent et posent devant Attila  un grand coffre rempli d’or et de pierres précieuses. 
ATTILA : Je suis d’accord de maintenir les relations pacifiques si Aetius accepte votre proposition. 
AETIUS : Je veux bien être le gouverneur de la Gaule à la condition de conserver ma Garde hune et la liberté de recrutement des mercenaires huns pour la protection de la Gaule et le maintien de l’ordre. L’armée d’Aspar doit rentrer à Constantinople aussitôt après le départ  de l’Italie de l’armée hune. 
PLACIDIA : J’accepte vos conditions.
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Scène 2 : Palais d’Attila

ATTILA : Je vais visiter le Caucase, puis j’irai à Altaï pour aider à régler un conflit entre les Turcs et les Joujans.   
KERE-KO : Mais tu es khan des Huns du Danube et de la Mer Noire. Les relations avec les Joujans sont du domaine de  compétence de ton oncle Oros, khan principal des Huns. 
ATTILA : Mon oncle a vieilli, il commence à me confier ses fonctions. Tu dirigeras en mon absence les Huns occidentaux avec l’aide d’Onégèse.
Entre Ellak. 
ELLAK : Mère, je pars avec mon père pour Altaï, pays des ancêtres !
KERE-KO : Mon fils, c’était toujours ton grand rêve.
ATTILA : Je crois que les Joujans accepterons la neutralité des Turcs d’Altaï. Il leur suffit de montrer notre amitié car nous avons les mêmes ancêtres.     
ELLAK : Nous verrons les steppes orientales et sibériennes, pays du Grand Modoun, fondateur du premier empire hun ! 
Attila embrasse tendrement Kere-ko.
ATTILA : Les Huns se disent adieu rapidement. Mon escorte attend devant le palais. Je t’enverrai souvent les messagers.
KERE-KO : Bon voyage, mes chers !
Attila et Ellak sortent. Kere-ko s’approche de la fenêtre et salue de la main.
KERE-KO : Bonne route !
On entend les ordres et les bruits des sabots.  
KERE-KO : Nous nous séparons toujours comme ça. Rapide comme un éclair. Ils seront absents cette fois plusieurs mois, peut-être, il faudra les attendre plus d’une année ! Ils ne sont jamais allés si loin à l’est, à la rencontre du soleil. Je suis habituée depuis longtemps à rester seule dans ce palais. Je sais heureusement qu’Attila m’aime très fort. Il ne prête pratiquement aucune attention à ces autres femmes et concubines envoyées à lui en signe d’alliance et d’amitié par plusieurs peuples et tribus. Notre Etat grandit et se renforce. Je n’aurai pas le temps de m’ennuyer. Je dois gérer toutes les affaires en l’absence d’Attila. Bien sûr, Onégèse est un bon ministre et conseiller. Mais il n’est pas un Hun et toutes les décisions importantes ne seront exécutées qu’après mon approbation. Je dois consacrer de plus en plus de temps aux réceptions des ambassadeurs. Tiens, je vois déjà un messager d’Aetius !   
Entre Marc.
MARC : Je vous salue, reine des Huns !
KERE-KO : Salut, Marc !
MARC : Vous me reconnaissez !
KERE-KO : Vous avez accompagné le jeune Aetius pendant son séjour dans notre pays en qualité d’otage d’honneur. Puis, j’ai visité une fois Attila en Italie pendant ses études greco-romaines. Je garde des souvenirs inoubliables de ces années de notre jeunesse. 
MARC : Vous vous appeliez alors En-ko. 
KERE-KO : On m’a donné le nom honorifique de Kere-ko pendant la cérémonie de proclamation d’Attila comme khan des Huns occidentaux.
MARC : «Kere» signifie «Belle» et «ko» est un ancien mot qui signifie «belle et noble dame». C’est un nom prédestiné pour vous !
KERE-KO : Oros, khan principal des Huns, est malade. Attila doit maintenant s’occuper souvent des affaires des Huns orientaux. Il vient de partir pour l’Est.
MARC : Je ne l’ai pas croisé car je suis entré dans votre capitale par la porte d’Occident.
KERE-KO : Dommage. Attila est toujours content d’apprendre des nouvelles de son ami Aetius. Racontez-moi ce qui se passe dans le monde romain.
MARC : Aetius vient de terminer son inspection. La situation est vraiment terrible. Les soldats, qui sont ramollis par le confort et gâtés par des prérogatives dangereuse, ne veulent plus porter les casques et même les cuirasses en cuir. Je ne parle pas des cottes de maille et des lourdes cuirasse en acier ! Partout, les officiers s’approprient une partie du salaire et de la ration de leurs soldats. Aetius veut d’abord repousser les Francs et les Rhètes au-delà du Rhin, puis s’occuper des Burgondes sans oublier les Wisigoths, les Alains, les Bagaudes. Sans mercenaires huns c’est une tâche impossible ! En plus, on ne connaît pas les intentions des Vandales et des Suèves installés en Espagne. Je suis venu recruter des détachements supplémentaires de mercenaires huns.
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Scène 4 : Palais d’Attila

Entrent Aetius et Gaudentius. Attila accueille son ami à bras ouverts.
ATTILA : Bonjour mon cher Aetius !
AETIUS : Bonjour Attila ! C’est mon fils Gaudentius.
Attila tape Gaudentius sur l’épaule
ATTILA : Comment le temps passe vite ! Quand j’ai quitté l’Italie, Gaudentius n’avait que deux ans. Maintenant il est déjà un jeune et brave officier. D’ailleurs, mon fils Ellak a déjà dix-huit ans.
AETIUS : Gaudentius a quatre ans de plus qu’Ellak. Je suis au courant que vous avez fait avec votre fils le voyage au pays de vos ancêtres et jusqu’à la Grande muraille de Chine. Vous êtes certainement les plus grands voyageurs de notre temps !
ATTILA : Les Joujans nous ont accueilli respectueusement, nous ont permis de visiter les tombeaux de nos ancêtres. Sur la demande d’Ellak, nous avons visité la Grande muraille de Chine construite contre nos ancêtres et qui témoigne si bien de leur puissance. Le gouverneur tabgatch de la province frontalière a organisé un banquet en notre honneur dans une tour de la Grande muraille, sur le toit de laquelle ont été hissés à cette occasion les étendards tabgatchs, huns et joujans.
AETIUS : J’imagine combien était émouvante cette rencontre des dirigeants de trois grands peuples hunniques qui descendent des mêmes ancêtres ! Il est étonnant que presque tous les peuples de la Grande steppe du Danube à la Chine continuent à parler des langues proches et que tous croient à Tangra, dieu unique et tout puissant !
ATTILA : Nous parcourons facilement les grandes distances sur des chevaux rapides. La langue des Tabgatchs est même plus proche de notre langue que celle des Joujans, bien qu’ils vivent plus loin. Malheureusement les Tabgachs commencent à assimiler les coutumes chinoises, étrangères pour nous. J’ai décliné avec regret  une aimable proposition d’aller rencontrer l’empereur tabgatch de la Chine car je suis inquiet de la santé de mon oncle Oros et Kere-ko me manque.
AETIUS : C’est bien que tu sois rentré ! Galla Placidia ne peut pas me pardonner le soutien de Jean et l’intervention des Huns, ses concessions involontaires. Elle voulait, en s’appuyant sur le comte Boniface et le roi des Wisigoths, me supprimer et se délivrer de la dépendance des Huns. Elle diffusait les rumeurs les plus absurdes sur moi afin de me compromettre et est allé jusqu’à la fabrication de fausses lettres de ma part à Boniface ! Maintenant, depuis la mort de Boniface, je suis déclaré insurgé. Je vous demande donc de me donner encore une fois une forte armée.
ATTILA : Nous avons des revenus importants pour le service de nos mercenaires. Cette raison est déjà suffisante pour que nous tenions à garder l’influence hune dans l’Empire d’Occident.
AETIUS : Merci mon cher Attila ! Afin de préserver la paix et maintenir l’ordre, je dois devenir commandant en chef de toute l’armée romaine et patrice d’Occident. Mais seulement nous devons nous presser et agir très vite. La dernière fois, je suis arrivé trois jours trop tard. Seulement trois jours! Si alors je n’étais pas arrivé en retard, nous  n’aurions maintenant aucun problème !
ATTILA : Tu as raison de dire que nous n’avons pas le temps pour de longues réflexions. Je pense que, comme la dernière fois, soixante mille cavaliers suffiront. Il faut engager davantage de guerriers qui parlent latin, trouver tous les anciens officiers huns de la Garde romaine impériale et de la cavalerie romaine. Cela exige de grands efforts et engendre le risque d’une guerre avec les deux empires romains. On ne peut pas plaisanter avec de telles choses ! En 425, la situation était plus simple. Nous pensions aider un empereur légal élu par le sénat et il n’existait pas un risque grave similaire. Par conséquent, tu dois assumer des obligations beaucoup plus fortes que la première fois. Je serai obligé d’agir en conformité avec les commandements de Modoun khan et utiliser les méthodes de contrôle de l’exécution des contrats testées pendant des siècles. Les Huns doivent voir que j’agis dans leur intérêt et pas seulement pour aider un ami.
AETIUS : Je comprends tout et je suis prêt à prendre tous les engagements nécessaires.  Ainsi je prêter un serment solennel de fidélité à notre alliance devant toute l’armée et vous laisserai des otages, y compris, Gaudentius.
ATTILA : Comme tu connais bien les Huns ! Cette fois je n’irai pas en Italie. Après le serment de fidélité il sera mieux que tu commande toi-même notre armée. Un de princes huns ayant le titre de général romain sera désigné comme ton adjoint.
AETIUS : Comme tu connais bien les Romains ! Je crois qu’un jour nous créerons ensemble l’Empire romano-hunnique et le gouvernerons ensemble. Je serai toujours fidèle à notre amitié !
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Scène 5 : Palais impérial à Rome

PLACIDIA : 
C’est la fin. Nous avons perdu! Pourquoi le destin est-il tellement bienveillant pour ce perfide Aetius !
OFFICIER : Nos soldats en  panique se sont sauvés du champ de bataille quand la cavalerie hune en ordre irréprochable, cuirasses et armes brillants au soleil, a commencé à nous contourner des deux côtés. Ainsi nous ne nous sommes pas battus. 
PLACIDIA : Les Huns sont maintenant sous les murs de Rome et il n’y a personne pour nous défendre. Je comptais qu’Aetius serait encerclé en Gaule. Que ses troupes resteraient fidèles au pouvoir légal et ne suivraient pas un rebelle, que les Huns n’oseraient pas aider un insurgé déclaré hors la loi. 
OFFICIER : Aetius est rusé et insolent. Mais l’audace apporte le succès.
PLACIDIA : Les Huns n’ont même pas eu peur d’une confrontation avec les deux empires romains ! 
OFFICIER : En revanche, le roi des Wisigoths, a eu peur de la confrontation avec les Huns et a arrêté son mouvement vers Arles. La deuxième armée hune effectue des manœuvres militaires à la frontière danubienne.
PLACIDIA : Mon neveu, l’empereur Théodose, est occupé par des relations difficiles avec la Perse. C’est pourquoi nous ne pouvons pas compter sur le secours de l’Empire d’Orient. Il faut trouver de nouveau un accord avec Aetius. Comme c’est humiliant et désagréable pour moi! 
Entrent Valentinien et Honoria.
PLACIDIA : Laissez-nous!
L’officier sort.
PLACIDIA : Mes enfants, les temps sont difficiles ! La résistance est inutile, Aetius devient maître de l’Empire. Je suis obligée de le nommer commandant en chef de toute l’armée de notre Empire et patrice
HONORIA : Maintenant, on peut s’attendre à tout de lui.
PLACIDIA : C’est pourquoi je vivrai principalement à Constantinople et suivrai de là attentivement les actions d’Aetius et, en cas de danger, j’inciterai l’empereur Théodose, mon neveu, à venir vous aider. Honoria recevra le titre d’Augusta, afin de diminuer un peu le poids d’Aetius. 
VALENTINIEN : Dans trois ans, je revêtirai ma toge virile. 
PLACIDIA : Alors nous commencerons à limiter prudemment le pouvoir d’Aetius. En attendant, il faut le supporter. Un jour viendra, où Aetius répondra de ses crimes!
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Scène 7 : Palais d’Attila

Une épée en or est suspendue sue un mur. 
MARC : L’épée d’or de la Victoire ! Racontez-moi, prince, encore une fois cette trouvaille miraculeuse.  
ELLAK : Un berger hun de la steppe, à l’est du Don, voit boiter une de ses génisses. Il examine les pieds de l’animal et voit une blessure. Suivant avec attention la trace sanglante, il découvre avec une immense surprise la pointe d’un glaive d’or, qui sort de la terre. Il comprend tout de suite que c’est un message divin. La rumeur de cette découverte se répand rapidement du Danube jusqu’à la frontière chinoise. Des feux de joie s’allument chez toutes les tribus hunniques, qui considèrent, elles-aussi, la trouvaille de l’épée d’or comme un message de Tangra. Dieu donnait à Attila la victoire, il l’informait qu’il était de son côté pour toutes ses affaires. 
MARC : Sans aucun doute ! Pour les Romains aussi, c’est un miracle qui confirme l’origine divine du pouvoir de votre père. Après la  mort d’Oros, il a été proclamé khan principal des Huns et maintenant, après la trouvaille de l’épée d’or de la Victoire, il est proclamé empereur du Nord. Aetius en personne est arrivé pour féliciter son ami de ce grand évènement. Il est intéressant de voir une foule de rois de différents peuples qui accompagnent Attila, épiant ses gestes.
Entrent Attila et Aetius.
AETIUS : Les habitants de la Gaule sont très impressionnés par les victoires de mes cavaliers huns sur les Burgondes, qui ont tenté d’envahir la Belgique, et la libération de Narbonne assiégée par les Wisigoths.
ELLAK : On dit, qu’après un long siège, les habitants de Narbonne, ont été réduits par la famine aux dernières extrémités. Les murs ont commencé à céder aux coups de béliers et aux tirs des catapultes. 
AETIUS : Mon armée hune est venue à temps après la défaite des Burgondes. Chaque cavalier transporte, sur la croupe de son cheval, deux sacs de farine pour les citadins terriblement affamés. Les Wisigoths ont fui et les habitants nous ont accueilli avec des fleurs. Salvien, évêque de Marseille a été ému par ses évènements et a écrit : «Nous plaçons notre espoir dans les Huns et les Huns placent le leur en Dieu».
ATTILA : C’est beau : «Nous plaçons notre espoir dans les Huns et les Huns placent le leur en Dieu» ! Je suis maintenant plus sûr que la création de l’Empire romano-hunnique est effectivement possible.
AETIUS : Il faut nous presser. Le temps passe vite. Valentinien a épousé la fille de Théodose et commence à se sentir un vrai empereur, il n’écoute plus toujours mes conseils. Mes adversaires se lèvent la tête. Un d’eux, le préfet Albin, est proclamé patrice d’Occident et intrigue beaucoup contre moi.
ATTILA : Aujourd’hui mon attention est attirée vers l’Orient. Constantinople ne respecte pas toutes les conditions du traité de Margum. Ma patience touche à sa fin. Encore un incident grave et l’Empire romain d’Orient sera puni ! 
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Deuxième partie

Scène 8 : Une salle du palais impérial de Constantinople
HONORIA : Comme sont tristes les années d’exil ! Je suis dans la compagnie étrange des sœurs de Théodose et leur suite de nobles vierges. Moi, habituée aux parures, je suis obligée de porter des vêtements sobres. Tous rivalisent dans l’ardeur religieuse, y compris l’empereur Théodose, et consacrent plusieurs heures du jour et de la nuit à prier et à réciter des psaumes. Le palais impérial est devenu semblable à un couvent. L’entrée est interdite aux hommes, excepté les prêtres, les gardes et de rares employés. Cela n’empêche cependant pas les intrigues du palais. Les sœurs ont réussi à brouiller Théodose avec l’impératrice Eudoxie, belle et joviale. Elle est maintenant en exil, ses ami sont exécutés. 
Comme je souffre dans cette atmosphère de meurtres, d’intrigues et d’hypocrisie ! Je rêvais de gens honnêtes et courageux. Je ne parle même pas avec ma mère car elle est entièrement absorbée par les intrigues contre Aetius, si puissant grâce au soutien des Huns.
Les Huns ! Enfants des grands espaces ! Je les ai vus pour la première fois à huit ans. Les détachements de leur cavalerie, dans un ordre irréprochable avec les armures et les armes étincelantes au soleil, ont passé en fier défilé devant la colline où je me trouvais à côté de mon frère, qui venait de devenir empereur, et ma mère devenue régente. Je sentais la nervosité de ma mère et de son entourage. J’ai compris ensuite que les Huns ne sont que des hommes braves et courageux, mais que leurs rois mènent une grande politique. Comme tout le monde, j’ai été éblouie par la nouvelle de la trouvaille par Attila de l’épée d’or de la Victoire. Puis la guerre a éclaté par la faute des diplomates de Constantinople car l’Empire d’Orient est gouverné par des femmes et des eunuques sans aucune sagesse politique. Pendant les années de cette guerre Théodose ne s’est pas montré une seule fois sur un champ de bataille, toutes ses armées sont maintenant décimées.
J’ai vu dans mon rêve Attila sur un cheval blanc avec une épée d’or. Cela fait longtemps que je ne suis avec un homme. Et je veux tellement aimer un vrai homme ! Mais Attila est, quand même, un Barbare. Eh bien, quoi alors ? En effet, ma mère Galla Placidia était marié au roi barbare Ataulphe. Mais elle a fait cela dans les intérêts de Rome. Le noble Oreste est passé au service d’Attila, d’après lui, aussi dans les intérêts de Rome ! Mais si moi, Honoria, me mariais avec Attila, je ferais pour Rome beaucoup plus. Ataulphe était un petit chef en comparaison de l’empereur Attila derrière lequel suit la foule des rois ! Alors cesseront les intrigues du perfide Aetius. Rome recevra la cavalerie invincible et les frontières de l’Empire romano-hunnique s’étendront jusqu’à la Chine ! 
Mais Attila aime beaucoup Kerka. On dit qu’elle est très belle et très intelligente. Devenir la deuxième femme ? Elle, princesse romaine, qui était Augusta et avait donc avec son frère Valentinien presque les même droits sur l’Empire romain d’Occident ! Non, Honoria ne peut être que la première ! 
On entend de grands bruits et des grondements.  
HONORIA : Jacinte, qu’est ce qui se passe !
Entre Jacinte.
JACINTE : C’est de nouveau un tremblement de terre mais plus faible qu’il y a quelque mois. Alors cinquante huit tours ont été endommagées et une énorme panique a commencé à Constantinople. Les habitants ont pensé que Dieu les punit pour leurs péchés et leur aide aux Huns qui étaient, après leurs victoires, non loin. 
HONORIA : En effet, pourquoi Attila n’a-t-il pas achevé la victoire sur l’Empire d’Orient par la prise de Constantinople, quand Dieu, lui-même, était de son côté?
JACINTE : Peut être, le succès militaire n’est-il pas l’élément principal de ses conquêtes.
HONORIA : Comment est-ce possible ?
JACINTE : Il me semble qu’Attila est avant tout un grand diplomate. Ses actions montrent qu’il tient à la vie de ses guerriers. Le diplomate se réjouit de la possibilité d’accorder aux guerriers le repos, tout en observant attentivement les actions de l’ennemi. Pourquoi se battre quand il peut obtenir sans batailles ce qu’il lui faut maintenant ?
HONORIA : Merci. Je me suis calmée, tu es libre. 
Jacinte sort.
HONORIA : Ce jeune serviteur est très positif à la différence des autres eunuques et éprouve pour moi une sympathie et une amitié sincère. Dommage qu’Attila n’ait pas pris Constantinople ! Je serais alors en captivité honorifique comme ma mère lorsqu’elle a été capturée par les Goths après la prise de Rome. Alors aurait pu commencer une nouvelle vie, plus libre et, peut-être, heureuse. 
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