lundi 10 octobre 2011

Deuxième partie

Scène 8 : Une salle du palais impérial de Constantinople
HONORIA : Comme sont tristes les années d’exil ! Je suis dans la compagnie étrange des sœurs de Théodose et leur suite de nobles vierges. Moi, habituée aux parures, je suis obligée de porter des vêtements sobres. Tous rivalisent dans l’ardeur religieuse, y compris l’empereur Théodose, et consacrent plusieurs heures du jour et de la nuit à prier et à réciter des psaumes. Le palais impérial est devenu semblable à un couvent. L’entrée est interdite aux hommes, excepté les prêtres, les gardes et de rares employés. Cela n’empêche cependant pas les intrigues du palais. Les sœurs ont réussi à brouiller Théodose avec l’impératrice Eudoxie, belle et joviale. Elle est maintenant en exil, ses ami sont exécutés. 
Comme je souffre dans cette atmosphère de meurtres, d’intrigues et d’hypocrisie ! Je rêvais de gens honnêtes et courageux. Je ne parle même pas avec ma mère car elle est entièrement absorbée par les intrigues contre Aetius, si puissant grâce au soutien des Huns.
Les Huns ! Enfants des grands espaces ! Je les ai vus pour la première fois à huit ans. Les détachements de leur cavalerie, dans un ordre irréprochable avec les armures et les armes étincelantes au soleil, ont passé en fier défilé devant la colline où je me trouvais à côté de mon frère, qui venait de devenir empereur, et ma mère devenue régente. Je sentais la nervosité de ma mère et de son entourage. J’ai compris ensuite que les Huns ne sont que des hommes braves et courageux, mais que leurs rois mènent une grande politique. Comme tout le monde, j’ai été éblouie par la nouvelle de la trouvaille par Attila de l’épée d’or de la Victoire. Puis la guerre a éclaté par la faute des diplomates de Constantinople car l’Empire d’Orient est gouverné par des femmes et des eunuques sans aucune sagesse politique. Pendant les années de cette guerre Théodose ne s’est pas montré une seule fois sur un champ de bataille, toutes ses armées sont maintenant décimées.
J’ai vu dans mon rêve Attila sur un cheval blanc avec une épée d’or. Cela fait longtemps que je ne suis avec un homme. Et je veux tellement aimer un vrai homme ! Mais Attila est, quand même, un Barbare. Eh bien, quoi alors ? En effet, ma mère Galla Placidia était marié au roi barbare Ataulphe. Mais elle a fait cela dans les intérêts de Rome. Le noble Oreste est passé au service d’Attila, d’après lui, aussi dans les intérêts de Rome ! Mais si moi, Honoria, me mariais avec Attila, je ferais pour Rome beaucoup plus. Ataulphe était un petit chef en comparaison de l’empereur Attila derrière lequel suit la foule des rois ! Alors cesseront les intrigues du perfide Aetius. Rome recevra la cavalerie invincible et les frontières de l’Empire romano-hunnique s’étendront jusqu’à la Chine ! 
Mais Attila aime beaucoup Kerka. On dit qu’elle est très belle et très intelligente. Devenir la deuxième femme ? Elle, princesse romaine, qui était Augusta et avait donc avec son frère Valentinien presque les même droits sur l’Empire romain d’Occident ! Non, Honoria ne peut être que la première ! 
On entend de grands bruits et des grondements.  
HONORIA : Jacinte, qu’est ce qui se passe !
Entre Jacinte.
JACINTE : C’est de nouveau un tremblement de terre mais plus faible qu’il y a quelque mois. Alors cinquante huit tours ont été endommagées et une énorme panique a commencé à Constantinople. Les habitants ont pensé que Dieu les punit pour leurs péchés et leur aide aux Huns qui étaient, après leurs victoires, non loin. 
HONORIA : En effet, pourquoi Attila n’a-t-il pas achevé la victoire sur l’Empire d’Orient par la prise de Constantinople, quand Dieu, lui-même, était de son côté?
JACINTE : Peut être, le succès militaire n’est-il pas l’élément principal de ses conquêtes.
HONORIA : Comment est-ce possible ?
JACINTE : Il me semble qu’Attila est avant tout un grand diplomate. Ses actions montrent qu’il tient à la vie de ses guerriers. Le diplomate se réjouit de la possibilité d’accorder aux guerriers le repos, tout en observant attentivement les actions de l’ennemi. Pourquoi se battre quand il peut obtenir sans batailles ce qu’il lui faut maintenant ?
HONORIA : Merci. Je me suis calmée, tu es libre. 
Jacinte sort.
HONORIA : Ce jeune serviteur est très positif à la différence des autres eunuques et éprouve pour moi une sympathie et une amitié sincère. Dommage qu’Attila n’ait pas pris Constantinople ! Je serais alors en captivité honorifique comme ma mère lorsqu’elle a été capturée par les Goths après la prise de Rome. Alors aurait pu commencer une nouvelle vie, plus libre et, peut-être, heureuse. 
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